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Quand l’antimilitarisme a seul la légitimité de la commémoration des guerres…

Il y a quelque chose de convenu, chaque année, dans les discours des élus locaux et nationaux, lors des commémorations du 8 mai et du 11 novembre.

On rappelle les atrocités de la guerre (avec le vocabulaire  adéquat : les massacres, les boucheries, la haine des autres, les décisions politiques iniques…), on dénonce l’acharnement des chefs militaires, et on appelle de ses voeux la paix éternelle.

Après tout, qui peut être contre la paix ? Qui pourrait minimiser les souffrances des poilus dans les tranchées ? Qui oserait ne pas convenir des horreurs dont sont victimes les populations civiles en temps de guerre ?

Certes. Mais n’y a-t-il pas aussi, de la part de ceux qui nous gouvernent un devoir de vérité historique ? Car c’est en quelque sorte faire preuve d’honnêteté intellectuelle, que de rappeler que l’histoire des Etats s’est faite à travers les conflits. Consolider les limites territoriales pour permettre à une culture et une identité de s’y épanouir, consolider une présence ultramarine, défendre sa souveraineté, faire respecter le droit international, venir en aide aux Etats victimes d’agressions militaires… Tous ces motifs qui paraissent aujourd’hui suspects d’illégitimité, sont précisément ceux qui ont façonné notre civilisation et qui nous ont donné nos limites territoriales, culturelles et identitaires qui fondent la richesse de tout Etat.

Nous avons vu à quoi l’antimilitarisme des nations européennes a conduit en 1939, mais nous continuons de déplorer la guerre comme si elle ne pouvait être juste, comme si elle ne nous avait pas montré, par le passé, qu’elle pouvait se révéler salutaire pour la survie de l’Etat. La France n’avait que des bonnes raisons de se soumettre à l’envahisseur anglais au début du XIVème siècle : un pays exsangue, une population martyrisée par une soldatesque impitoyable et brutale par où elle passait, un délitement total du pouvoir politique (rappelons-nous du « roi de Bourges »). Qu’il aurait été alors facile de clamer un antimilitarisme larmoyant ! Pourtant, c’est Jeanne d’Arc qui remet un supplément d’âme dans ce Royaume décharné, et qui nous dit que pour vivre en paix, pour que se réalise la possibilité d’une vie plus douce, il faut d’abord se sacrifier encore une fois, et se battre pour son pays, terre de vie, mémoire des générations passées et promesses pour nos enfants.

On ne rend pas mieux hommage à tous les morts des guerres modernes en pleurant par antimilitarisme sur l’horreur de ces années sombres, qu’en redisant avec profondeur et respect que nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd’hui, si sur les champs de bataille de Tolbiac, de Bouvines, de Denain, de l’Argonne ou à la Libération de Paris, dans les tranchées de Verdun et sur les plages du débarquement de 1944, des centaines de milliers d’hommes n’avaient pas considéré que leur devoir dépassait le cadre de leur propre existence.

Mais le patriotisme, la défense de valeurs propres à un peuple, la sauvegarde d’une identité tirant ses racines de l’Histoire ne peuvent plus être mis à l’honneur. Le contexte de nos sociétés actuelles, l’individualisme de nos contemporains réduits à un rôle de consommateurs sans repères normatifs, la désagrégation galopante de notre culture sous l’impact d’une immigration non intégrée, ont dessiné la nouvelle nature de l’homme moderne… anhistorique.