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Elections municipales : La saveur eschatologique d’un corps électoral excédé

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La vie politique française semble ainsi faite que les commentaires les plus pessimistes la concernant sont toujours en dessous de la réalité.

Les années passent, les décennies s’enchaînent inéluctablement sur un désordre et une évanescence qui forcent l’écoeurement et la saturation. Les majorités se sont et se défont au gré des élections, dans une schizophrénie de la recherche d’un perpétuel au-delà inaccessible, et que la réalité ramène à sa terrible dimension médiocre d’un quotidien sans âme et sans idée.

En mai 2012, lassée par un quinquennat tumultueux, l’opinion publique voulut retrouver le calme et la rondeur d’une présidence apaisée. François Hollande n’avait de manière évidente aucune des qualités qui fondent un chef d’Etat. Certes, il est apaisant. Mais on ne gouverne pas par l’endormissement ou le statu quo. Surtout en ces temps de réforme d’un Etat totalement suranné, boulimique et en asphyxie perpétuelle. Non, il n’est pas l’homme de la situation. Et les Français n’ont guère mis plus de quelques mois pour s’en convaincre. Il a même atteint des sommets d’impopularité, comme si les échéances électorales n’étaient pas assez rapprochées, que les alternances systématiques au gré des élections ne suffisaient plus aux électeurs pour manifester leur mauvaise humeur devant le spectacle pathétique d’un pouvoir à l’agonie… fuyant ses responsabilités sur un scooter en quittant l’Elysée par une porte de service pour s’oublier dans la gaudriole.

Les présentes élections municipales ont alors été l’occasion de sanctionner cette majorité de gauche inconsistante. Et quelques résultats sont tout à fait salvifiques… détrônant des potentats locaux qui s’étaient imaginés que les municipalités ne pouvaient qu’être socialistes, exactement comme le PCF pensait, durant les années 50-80 que la couronne rouge de Paris serait immuablement communiste.

Mais avec un taux d’abstention de près de 40% et un renversement complet de majorité, moins de deux ans après la déferlante socialiste de 2012 qui avait conforté TOUTES les majorités au PS (communes, départements, régions, Assemblée Nationale, Sénat, exécutif), comment ne pas observer que ce scrutin nous renvoie le signe manifeste d’une désaffection grandissante des Français pour la politique, une défiance devant l’attitude du personnel politique, ses pitoyables mensonges électoraux, ses inconcevables reculades pour rester au pouvoir, ses abandons ou a contrario ses obstinations pour plaire à sa petite majorité ? On a voulu se consoler dans les médias, en disant que finalement, le Front National n’avait pas réalisé un score important, malgré la dizaine de villes remportée. Mais l’ancrage de ce parti, sa lente mais inéluctable poussée, sa captation d’une partie toujours plus grande des déçus des autres formations, est bien la preuve que le malaise n’est plus seulement circonstanciel, qu’il est le résultat d’un diagnostic sur l’état « médical » d’un système moribond.

Le personnel politique français n’a pas encore compris que la politique ne devait pas s’appréhender comme une carrière mais comme une charge. Il est absolument inacceptable de voir que la majorité des hommes et femmes politiques n’a jamais exercé d’autres activités et ne vit qu’aux dépens de la société en cumulant les fonctions éligibles, ou les nominations comme conseiller spécial ou à quelque emploi de circonstance dans la Fonction publique…

Il est plus que temps d’abandonner radicalement le modèle français dont on veut encore nous vanter les mérites comme pour prolonger un peu la magie de cet Etat interventionniste qui n’est au final qu’un impotent vivant très largement au-dessus de ses moyens et étouffant les Français de ses ponctions insupportables.

Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Le modèle capitaliste de la mondialisation ne saurait être pris comme le totem des temps modernes. Sa déconstruction de tout idéalisme, de toute primauté des valeurs morales, pour un monde que l’on précipite aveuglément dans une course sans fin et sans but, n’a pas plus d’avenir que la médiocrité de notre système politique.

Le temps est probablement venu d’une refondation philosophique de nos sociétés, de notre modèle de développement et des structures politiques adéquates pour y parvenir. Est-ce trop demander ? Peut-être… Mais avons-nous le choix ?

 


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